Les lundis du groupe Expérience et autoformation

 

Les vertus de l’imprudence,

Le droit à la maladresse,

et

aux transgressions épistémologiques

 

Nous nous réunissons depuis janvier 2001 toutes les six semaines environ le lundi pour une demie-journée ou une journée entière. Ces séances se tiennent au CNAM où nous accueille Claude Debon.

Le groupe s’est constitué autour d’un petit noyau de membres du GRAF qui souhaitaient prendre le temps de réfléchir et débattre de façon suivie, dans une temporalité autre que celle des colloques à laquelle nous sommes habitués. Le groupe s’est étoffé et comporte aujourd’hui 12 personnes.

Hélène Bezille, Catherine Clenet, Bernadette Courtois, Claude Debon, Noël Denoyel, Pascal Galvani[1], Pierre Landry, Patrice Leguy, Francis Lesourd, Mohammed Melyani, Hervé Prévost, Christian Verrier.

Nous avons déjà présenté le groupe à l’occasion du symposium de Bordeaux en mai 2002. Il avait alors quelques mois d’existence. Nous avions évoqué comment nous construisions notre cadre de réflexion sur l’Expérience et l’Autoformation en cheminant, et les questions qui étaient alors les nôtres : nous situer d’emblée sur “ Expérience et autoformation ” ou choisir une approche élargie de l’expérience? Constituer progressivement  un lexique de référence ? Nous donner d’emblée un cadre conceptuel balisé ou non ?

Nous avions évoqué la stratégie retenue, en trois temps :

-           explorer le point de vue de chacun de façon approfondie ; “ pourquoi avons-nous envie chacun de réfléchir sur cette question ? Comment avons-nous envie d’y réfléchir ? ” Comment cette question s’inscrit-elle dans notre cheminement   personnel de recherche ?

-          identifier progressivement les “ transversalités ”

-          élaborer en commun une problématique de l’expérience autoformatrice, en se centrant sur l’une des thématiques transversales,  explorée de façon approfondie par chacun ;

Nous avions évoqué le“ dispositif ” tel qu’il prenait forme alors :

-          chacun explicite son “ entrée ” dans la question (expérience et autoformation), par un exposé, par exemple en référence à des travaux antérieurs mais pas nécessairement ;

-          ces exposés sont suivis ou accompagnés ou précédés d’un texte écrit, d’une trace. Ils sont débattus, et donnent parfois lieu à des digressions étonnantes, qui inquiètent les uns et interrogent les autres (sur le “ sens ” bien sûr de ces digressions).

Nous remarquions alors la difficulté qui était la nôtre de démêler nos implications épistémologiques, éthiques, politiques, tant elles sont investis, en certains moments, de beaucoup de passions.

Nous faisions part d’une spécificité qui pourrait être celle du groupe, son « fil rouge » : développer une approche anthropologique de l’expérience dans ses rapport avec la formation.

Nous annoncions alors que nous faisions « au moins » deux compte-rendus, traces utiles aux absents et aux présents.

Et nous faisions part de nos projets, encore vagues, d’invitation et de publication.

Nous évoquions pour conclure notre satisfaction de pouvoir concilier une certaine rigueur dans notre organisation (programmation du contenu des séances, compte-rendus, textes en circulation), avec un certain désordre que nous jugions déjà, dans notre tranquille assurance, « assez productif ».

 

Où en sommes nous aujourd’hui ?

L’approche esquissée alors, autour d’un point de vue anthropologique sur l’expérience, s’affirme et se structure. Nous avançons simultanément dans notre réflexion et dans la mise en forme de notre ouvrage collectif. Il y a en quelque sorte « inter-structuration » de ces deux niveaux et dans le même temps clarification et stabilisation de notre champ. Depuis janvier nous organisons des « séances ouvertes » autour d’une thématique en relation avec nos axes de réflexion et de publication et d’un ou deux intervenants.

Notre projet de publication est presque stabilisé. Le « fil rouge » :  une approche anthropologique de l’expérience autoformatrice. Il comprend trois grandes parties :

1/ Une première partie, épistémologique, est consacrée à la notion dans une perspective historique. Parmi les thèmes abordés : la construction du concept d’expérience scientifique d’un point de vue historique ; l’expérience subjective de la pratique des « sciences dures » ; le statut de l’intuition dans la production des savoirs scientifiques ; les apports de la phénoménologie et de la psychanalyse (Biswanger/Freud) à propos de l’expérience autoformatrice ;

2/ Les cadres anthropologiques de l’expérience : mise en récit de l’expérience individuelle et collective et transmission dans le témoignage ; statut du dialogue ; l’inscription de l’expérience dans le corps ; l’expérience spirituelle ; les formes temporelles de l’expérience transformatrice (épiphanies, moments..) ;

3/ Les figures de l’expérience en formation : transformation de l’expérience, accompagnement, exploitation, validation;

4/ Approches interculturelles de l’expérience autoformatrice.

Nous organisons depuis janvier des séances « ouvertes » à l’ensemble des membres du GRAF et à des personnes de nos réseaux susceptibles d’être intéressées par le thème. Ces séances sont en relation avec les thèmes couverts par l’ouvrage en chantier. Nous avons reçu :

-          Jacqueline FELDMAN sur le thème : « Expérience personnelle, expérience scientifique » ;

-          René BARBIER et Marie-José BARBOT sur le thème : « Expérience interculturelle et autoformation » ;

-          Gaston PINEAU sur le thème : « Expérience spirituelle et autoformation.

Les séances à venir :

-          Jean-Pierre CHRÉTIEN sur le thème :  « Expérience du corps, théâtre et autoformation » ;

-          Guy DE VILLERS : « L’expérience autoformatrice à la lumière de la psychanalyse et de la phénoménologie »

 

Débats transversaux

Nos rencontres régulières nous ont permis d’identifier des thèmes qui méritent à selon nous de donner lieu à débats au sein du GRAF :

-          débats sur les approches de l’autodidaxie :  Hélène Bezille, Georges Le Meur, Christian Verrier ;

-          après une période de « balkanisation » de la réflexion sur l’autoformation autour des planètes (période sans doute nécessaire), il nous semble utile de revenir à des cadres de référence plus généraux en nous appuyant notamment sur les apports d’Illich, Dumazedier et Mezirow ;

-          la notion « d’efficacité » dans le champ de l’autoformation : portée épistémologique, portée imaginaire, portée idéologique ;

-          savoirs « savants » et « ordinaires » dans l’autoformation : quelles articulations ?

-          les approches de l’expérience autoformatrice : au-delà de l’accord sur la définition « un contact direct mais réfléchi », peut-on concevoir des expériences « non réfléchies » et néanmoins autonomisantes ? Il convient sans doute de s’attarder sur les notions d’inconscient de « pré-réfléchi », et de quelques autres ;

-          les différentes formes d’accompagnement et leur rapport à l’autoformation ;

-          l’autoformation en situation de travail : qu’en est-il des organisations apprenantes ?

Hélène Bezille & Bernadette Courtois, Mai 2003

 



[1]Qui nous a envoyé un très beau texte récemment