La reconnaissance à l’œuvre.

Exploration des processus d’autoformation comme prise de pouvoir par et pour soi au cours de la vie.

Patrice Leguy  -  A-Graf 2004

 

Résumé

 

Nos travaux engagé depuis plus de dix ans sur l’œuvre et le chef-d’œuvre au risque de paraître anachronique à l’heure des nouvelles technologies et « ringard » face à l’évidente disparition programmatique de la classe « ouvrière » s’inscrivent dans l’enjeu de la reconnaissance de l’expérience « oeuvrière »[1] au risque de la mise en miette de ces arts de dire et faire. Si l’autoformation est envisagée comme émergence d’une forme sur un fond (la figure se détache toujours d’un fond). Elle ne peut donc s’effectuer pour une personne que par rapport à l’existence un arrière fond social et culturel. En ces temps de mondialisation galopante, le déni de certaines classes sociales (la classe ouvrière) ou catégories socioprofessionnelles (enseignants, chercheur, artiste) pourtant constitutives de la culture d’un pays et de ses liens sociétaux doit nous interpeller quand à la possibilité dans l’avenir de maintenir un terreau fertile permettant une mise en culture des arts de produire sa vie au quotidien et de façon permanente, ce que nous nommons œuvrer en formation.

 

Après avoir proposé ce que nous entendons par le terme œuvre et établi ses liens avec la connaissance .Nous tenterons dans cette contribution de montrer comment le processus de réalisation d’une oeuvre est un moyen autoformation et permet de prendre le pouvoir sur sa propre forme au cours de la vie.

 

Une de nos recherche sur l’alternance travail –formation au cours de la vie s’est intéressée à l’autoformation des ouvriers au cours des processus de reconnaissance par la production d’une oeuvre (chef d’œuvre) qui constitue dans ce cas un processus réel de VAE [2]depuis plus de cinquante ans.

 

L’autoformation est explorée comme un processus de prise de pouvoir sur sa propre forme au sens proposé par Gaston Pineau à partir de quatre bioscopies (Desroches 91)professionnelles complétées des récits d’expérience (Leguy, 1996)co-produites après un entre-temps réflexif de quelques années après le passage de l’épreuve.

 



[1] Etymologiquement le terme ouvrier provient de « oeuvrier, manœuvrier homme travaillant de ses mains »

[2] Cette démarche s’inscrit dans cadre du concours de un meilleur ouvrier de France. L’obtention du titre qui s’effectue par l’épreuve de la preuve professionnelle est homologué au niveau III en terme de certification.