Stratégie paradoxale de l’artisan, autonomie et
reconnaissance
Noël Denoyel A-GRAF mai 2004
L’artisan, "cet agent économique ambigu"
combine un double objectif: vouloir accéder à l'indépendance d'un chef
d'entreprise et exercer lui-même son métier dans les règles de l'art. C'est ainsi que Bernard. Zarca (1986),
explique : "pourtant, bien des artisans semblent poursuivre, parmi
d'autres, ce double objectif, vivant dans la contradiction et trouvant
peut-être dans cette contradiction même l'énergie psychique nécessaire à la
poursuite de toute activité économique". Selon Yves Barel (1989) c'est en
attachant autant d'importance à ce qui unit qu'à ce qui oppose les contraires,
qu'une contradiction peut devenir paradoxale. L'artisan, homme de métier et chef
d'entreprise, conjuguant ce double objectif contradictoire, surimpose une
stratégie paradoxale (double) à sa situation paradoxale, pour
"maîtriser" le paradoxe (Barel, 1989). Cette stratégie double ne
faisant qu'une, maintient le paradoxe, en "rusant avec lui", pour
"le rendre vivable". Cette stratégie paradoxale, en mettant en
système culture de métier et culture d'entreprise, organise une double
dialogique (interlocution) interne et interne-externe et permet, nous
semble-t-il, de développer processus d'autonomisation et reconnaissance chez
l'artisan, l'autonomie prise dans le sens d'une "émergence
organisationnelle" (Morin, 1980).