Prise de pouvoir sur sa formation et reconnaissance.

Marie-josé Barbot A-GRAF 2004

 

L’entrée proposée est difficile d’accès car elle semble évoquer une action volontaire qui « irait de soi » : s’approprier des lois d’échanges et de circulation des biens symboliques et culturels de l’éducation et de la formation. En fait, cette entrée me renvoie à mon ambivalence vis-à-vis du système éducatif et aux échecs qui devraient faire l’objet de recherches.

 

Il y a un danger, celui d’être piégé à force de vouloir attendre trop (tout ?) du côté du collectif, du social. Cela peut être au détriment de l’approfondissement des ancrages personnels qui ont  leur valeur existentielle propre et spécifique, pas toujours convertible. La prise de pouvoir sur sa formation consiste peut-être à s’affranchir des signes tangibles (diplômes, médailles et publications légitimées/légitimisantes), à ne pas perdre son âme à force de vouloir être reconnu par une institution scolaire et universitaire. Peut être faut-il savoir s’arracher à un mécanisme de projection qui conduit à attendre de l’extérieur quelque chose (une reconnaissance impossible à combler) et à être dans l’emprise. En revanche, il est important de mettre en lumière le principe de réalité pour expliciter de quel ordre sont les gains en jeu.

 

Par ailleurs, cette proposition de thème évoque pour moi la nécessité d’ouvrir des pistes -que je voudrais explorer–face à des « échecs » non prévisibles (du point de vue cognitif) :

* d’étudiants qui à un moment semblent ne plus pouvoir continuer à se former parce qu’ils ne sont pas prêts à affronter certains enjeux sociaux. Cela correspond à la période souvent critique (mémoire, thèse.) où ils sont en gestation alors qu’ils ont les ressources sur le plan  intellectuel et méthodologique.

*d’intégration professionnelle à l’étranger de futurs enseignants de langue qui sont en alternance et donc en situation d’autoformation dans un cadre nouveau. Là encore ce qui intervient est du ressort des représentations et des valeurs, d’une tension entre leur représentation du « soi social » et ce qui est attendu d’eux car il n’y a pas adéquation. C’est comme si l’effort pour correspondre aux attentes externes mettait en péril la personne qui se replie ou peut craquer. Des passages ne s’opèrent pas.

*enfin je m’interroge sur des parcours d’étudiants - enseignants  étrangers, enseignant non leur langue mais le français en demande de reconnaissance du côté de la France à travers une thèse. Il s’agit en particulier de ceux qui rejettent une cotutelle en justifiant cela au nom des valeurs de la France, de son universalisme. On est renvoyé ici à une dualité dans laquelle le pays cible est survalorisé par rapport au pays source, dans un aller-retour complexe entre deux identités (question  plus ou moins aigue selon l’histoire entre les deux pays).

 

Ce qui est en jeu semble de l’ordre des liens entre une personne, son parcours, son désir et les repères que se donne chaque société qui institue son système de scolarité et de formation.

 

La mise en œuvre de l’autoformation appelle la construction de modèles non seulement d’action mais  de changement, pour cela il faudrait développer des recherches dans l’optique de :

-Comprendre les signes de reconnaissance, les mécanismes, les règles du jeu

-Suivre les évolutions des nouvelles voies (VAE) et l’explicitation des codes du champ éducatif qu’elles devraient entraîner

-Analyser les barrages, les points de blocage et de rupture entre les  parties concernées (du côté de l’impétrant la maîtrise de la langue, l’accès à l’écriture)

-Analyser les échecs mais aussi les rebonds (art,…)

- et…..