Paradoxe,
offre sociale ou idéologie ?
Cathy Clénét – A-GRAF 2004
Ce thème qui m’est cher fait l’objet
d’un travail en cours de DEA et c’est avec des interrogations, des pistes et
des amorces de réflexions que je participerai à ce symposium. Je vous en livre
ci dessous une trace.
Loin de considérer l’autoformation comme la soloformation,
ce thème du symposium « prise de pouvoir sur sa formation et
reconnaissance » interroge directement la question de l’accompagnement.
Au-delà de « former », il s’agirait
d’accompagner les apprenants dans leur propre processus d’autoformation. Le
propre de la posture d’accompagnement étant « la centration inconditionnelle sur la personne de l’autre dans
sa globalité existentielle» (Guy le Bouëdec), cette démarche de
développement personnel qu’est la situation de formation devrait tout faire
pour aider l’apprenant à mobiliser ses propres ressources pour s’approprier le
pouvoir sur sa formation.
Cheminer à ses côtés pour le confirmer
dans ce nouveau sens où il s’engage. L’accompagnement de l’autoformation des
apprenants serait centré sur la production de savoirs et de sens, par et pour
l’apprenant.
A partir de ce positionnement d’ensemble qui reste à intégrer dans
cette problématique globale du paradoxe, de l’offre sociale et de l’idéologie,
plusieurs questions sont à éclaircir :
Quelles finalités ? :
Considérant l’autoformation comme une
action du sujet qui se forme en articulant différentes sources de formation,
les accompagnateurs aident l’apprenant à construire sa propre forme. Ils
devraient faire en sorte que l’apprenant puisse bâtir un état cohérent,
équilibré entre ses apprentissages expérientiels et ses apprentissages plus
formels, structuré par le sens et la motivation qu’il donne à ses
apprentissages.
Cette forme se construit grâce à
l’autonomie de l’apprenant. Celle-ci peut se dynamiser s’il a éclairci au
préalable le sens de cette formation. C’est sur ce sens que se développe sa
motivation et son autodirection dans ses apprentissages. Il s’agit alors de
l’accompagner pour définir son pouvoir et sa capacité à assumer la
responsabilité de ses apprentissages. Pour l’aider dans cette démarche, il faut
préciser avec lui ses degrés d’autodirectionnalité (P. Carré, 1993) : le
« micro-niveau » pour concevoir et mettre en œuvre ses projets
d’apprentissage, le « méso-niveau » pour mettre au point ses
ressources d’auto-apprentissage et le « macro-niveau » pour
caractériser son pouvoir dans ses décisions globales de gestion et
d’orientation relatives à ses apprentissages.
L’autoformation
de l’apprenant se développe par sa propre réflexion sur son expérience. Dans
cette perspective, l’accompagnement vise la réflexivité de l’apprenant sur son
expérience et les formateurs doivent favoriser le questionnement de son
expérience. Cet accompagnement se caractérise par une méthodologie visant le
développement de ses capacités d’apprentissages.
Quelles
postures ?
La posture adoptée est celle favorisant la transition, la
transformation. Ce n’est « ni un
expert, ni un contrôleur, ni un hiérarchique… mais un facilitateur, un passeur,
un intercesseur, un conseiller (au sens de « Tenir conseil »), un
éveilleur, un veilleur, un émancipateur » (Alexandre Lhotellier).
Le type de ces accompagnateurs peut être précisé par les
« figures-types d’accompagnement bio-cognitif » présentées par G.
Pineau. En effet, s’agissant de l’accompagnement de l’autoformation, il s’agit
bien d’aider à la construction de la forme comme processus vital (bio) et à la
production des connaissances (cognitif), caractérisée par l’action de soi comme
prise de conscience d’être formé par les autres (hétéro) et les choses (éco) et
comme appropriation de son pouvoir de formation par soi-même et pour soi-même.
Quelles
méthodes ?
Celles qui
proposent des démarches vers la conscientisation, la réflexivité, la critique
telles l’entretien d’explicitation de P. Vermersch, l’autoformation
émancipatrice de J. Mésirow
Quels
modes ?
·
une communication, dire ou inciter (la communication
interpersonnelle et interactionnelle, JJ Wittezaele)
·
un processus, un cheminement (de front ou de biais,
stratégies de l‘obliquité, François Jullien)
pédagogie
de la parole accompagnante, parole indicielle, mettre sur la voie,
transformation silencieuse, ne pas chercher directement l’effet, favoriser le
processus, favoriser l’immanence
·
un échange (don contre don)