Symposium
GRAF
20 - 21 - 22 mai 2004
École Nationale de Voile
Beg-rohu – 56510 St Pierre Quiberon
I. Thème des débats (appel à communication) :
Prise de pouvoir de sa formation et reconnaissance
Nous nous retrouverons cette année
autour du thème « Prise de pouvoir de sa formation et
reconnaissance », dans un cadre qui nous rappelle combien dame nature par
ses beautés et caprices nourrit, influence et parfois dirige la vie des hommes[1].
La notion de pouvoir serait-elle alors inscrite dans une perspective
relativiste qui laisse chacun penser et vivre sa propre expression du
pouvoir ?
Être en
capacité d’exercer un pouvoir sur sa formation semble bien être l’essence même
de l’autoformation qui fait du sujet,
un acteur social auteur de sa formation. Devenir auteur, c’est à
la fois être autorisé (ou auteurisé, être reconnu comme auteur) et
s’autoriser (s’auteuriser, se reconnaître comme auteur) à être et vivre
son projet de développement personnel et professionnel. Pouvoir et
reconnaissance semblent dès lors liés dans cette construction dialogique entre
Moi et l’Autre.
Cette thématique appelle un large
questionnement dont nous proposons quelques axes pour structurer, alimenter,
ouvrir nos échanges.
Un premier axe de questionnement parle de
l'autoformation du point de vue de l’individu, l’autre des enjeux sociaux.
D’une part, la construction dynamique du pouvoir de l’individu sur sa propre
formation. De l’autre, le contexte social dans lequel s’insère ce processus de
“prise de pouvoir”. Cette coupure individu “autodéterminé” / contexte
social est, bien évidemment, à interroger. Elle pourra d’ailleurs faire l’objet
de nos échanges.
Le pouvoir se
conçoit aisément dans le rapport à l’autre, aux autres, mais également à soi.
La prise de pouvoir ne saurait être réduite à la simple dominance de l’un sur
l’autre, mais probablement mue par le refus d’une certaine forme d’autorité
exclusivement extérieure au sujet.
Dans une
situation de formation, de quel(s) pouvoir(s) parlons-nous ?
S’agit-il de ce
que les anglo-saxons nomment empowerment ?
Comment définir
cette notion dans ses dimensions cognitives, psychologiques, sociales ?
Quelles en sont
les composantes individuelles et collectives ?
La
reconnaissance de Soi par Soi, de Soi par l’Autre et de l’Autre par Soi semble
intimement lié à cette dynamique de prise de pouvoir. Il ne s’agit pas
d’exister contre l’Autre, mais bien de créer cette alliance avec cet Autre.
Cette dynamique de reconnaissance, complexe faite d’envies, de désirs, de
besoins et d’attentes, cherche à développer une confiance réciproque propre à
la gestion de l’objectif et du subjectif, du formel et de l’informel. Cette
reconnaissance se construit dans une dualité confiance/preuve telle qu’elle est
actualisée par la démarche de validation des acquis de l’expérience.
Comment les
formes instituées de l’éducation autorisent-elles cette dynamique
d’appropriation, de réappropriation de son pouvoir de formation ?
Comment gérer
les limites de la délégation du pouvoir pour le maintien de forme régulée et
instituée ?
Comment accepter
l’incertitude née de la construction de savoirs hors institution tout en
cherchant à légitimer cette construction ?
Deuxième axe : le contexte social
ou l’injonction à l’autoformation
La notion d’autoformation est largement sortie des limbes… Elle est reprise en tant que telle dans nombre de dispositifs de formation, en FOD particulièrement. La sociologie (Lahire, Kauffman, Corcuff, etc.) s’est emparée d’une sociologie de l’individu : l’Association Internationale de Sociologie de Langue Française tient un colloque sur cette notion. Consécration suprême : l’autoformation devient une catégorie statistique du CEREQ et de l’INSEE. Et on retrouvera dans nombre de politiques actuels, comme la VAE par exemple, trace de nombre de préconisations des promoteurs de l’autoformation.
En même temps,
un discours critique se développe à propos de cette
« individualisation » : lassitude (« Fatigue d’être
soi », d’Ehrenberg), injonction paradoxale à la subjectivité,
précarisation de l’insertion sociale (plus précisément : insécurité, pour
R. Castel), confusion avec une politique néo-libérale de retraits des
engagements publics pour promouvoir une concurrence inter-individuelle, etc.
Le GRAF ne peut
échapper à cette question. Peut-on se contenter de dire qu’il ne s’agit que de
détournements d’un concept dont nous serions les gardiens du temple vigilants,
concept vite transformé en dogme ? Quelles sont les réalités sociales
précisément à l’œuvre ?
Sur ces questions, il nous manque
essentiellement des études de terrain, des témoignages, des cas.
Pour débattre de
la question de la prise de pouvoir sur sa formation, on ne peut ni rester seulement dans une approche
psychologique, cognitive, ni dans une approche technologique mais il faut
s'intéresser aux interactions entre des personnes particulières et des
dispositifs identifiés plus ou moins formels. Cela renvoie à la conception de
l'autonomie : soit on pense que les dispositifs de formation déterminent le
niveau d'autonomie des apprenants, soit on pense que l'autonomie est une
qualité en partie innée des individus, soit on pense que c'est une construction
singulière, dynamique dans un environnement social, culturel, matériel donné...
Si l'on penche pour la dernière proposition, il faut donc s'intéresser aux
conditions de cette construction à partir d'approches permettant d'investir le
couplage situation/action/connaissances.
Pouvoir et reconnaissance semblent
particulièrement liés. Cette liaison serait l’objet même de négociations, de
gestion d’une ouverture, d’un espace symbolique transactionnel et transitionnel
au sein duquel l’expression de l’auto serait sollicitée, encouragée et
développée.
D’autres questions pourront bien entendu
alimenter nos échanges au cours de ce symposium. Nous vous invitons à préparer
ce symposium en produisant un texte, un questionnement, des références, s’appuyant, autant que
faire se peut, sur des études de terrain…autant d’éléments qui nous permettront
ensemble de mieux comprendre la nécessité et la dynamique cognitive, affective
et sociale de l’exercice d’un pouvoir reconnu dans l’acte d’autoformation.
Symposium 2004 de l’A-GRAF
20-21-22 mai 2004
Animation P. Landry et H.Bezille « Fil
rouge » : P.Paul |
Matin 9h15 – 12h15 pause : 11h |
Après-midi 14h – 18H pause :
16h |
Jeudi 20 |
Arrivée, accueil et
installation en fin de matinée |
15h-17H : les
activités du réseau GRAF depuis un an : -
Dijon (Marie-JoséeBarbot) ; -
Educatec (Claude Debon), hommage
Dumazedier -
journée Lille Apprentissages non formels (Hélène Bezille) ; -
hommage Dumazedier Nantes (André Moisan) ; -
groupe « Expérience et autoformation » (Bernadette Courtois et
Hélène Bezille) 17h15-19H Thème
1 : « Prise de pouvoir sur sa formation et société de
contrôle » Contributions
d’André Moisan (lecture du texte) et Christian Verrier |
Vendredi 21 |
9H30-11H Thème 2 : Prise de pouvoir du sujet sur sa formation : le sujet à l’épreuve de lui-même et des situations : dilemmes, tensions et paradoxesM.J.Barbot,
H.Bezille, N. Denoyel, , 11H15-12H30 Thème 3 : Prise de pouvoir du sujet sur le dispositif de formation et apprentissage S.Leblanc, A. Jezegou, D. Paquelin, avec la contribution écrite de
G.Mlekluz |
14h-16h : Thème4 Le projet de soi : injonction émancipatoire ?P.Leguy
et Mohammed Melyani, P. Paul 16h15-18H La prise de pouvoir du sujet sur sa formation : l’approche tripolaire revisitée C. Clenet, F. Lesourd, Gaston Pineau |
Samedi 22 |
10h-11h Assemblée générale de l’Association 1° Rapport moral et financier 2° Approbation des comptes de l'exercice 3° Approbation du budget de l'exercice 11H-12H15 - admission de nouveaux membres - projet colloque 2005 à Fez sujets prévus à l’ordre du jour et non traités - le Manifeste - communication de l’A-GRAF : La Gazette, le site - projets éditoriaux Clôture des travaux |
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[1] Comme le chantait Renaud, « C’est pas l’homme qui prend la mer c’est la mer qui prend l’homme ».