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Publication

Serge Pouts-Lajus, Marielle Riché-Magnier, L'école à l'heure d'Internet. Les enjeux du multimédia dans l'éducation, Nathan Pédagogie, Paris, 1998, 223 pages, bibliographie, lexique, adresses Internet, ISBN 2.09.173000.9

Serge Pouts-Lajus dirige l'Observatoire des technologies pour l'éducation en Europe. Marielle Riché-Magnier est expert dans le domaine du multimédia éducatif auprès de la Commission européenne.

Chaque innovation pédagogique passe par plusieurs phases. L'intégration des NTIC dans le système éducatif est encore dans la phase pionnière.

Mais l'ouvrage de S. Pouts-Lajus et M. Riché-Magnier donne à penser que la phase de la diffusion est proche.

En effet ce livre constitue une invitation remarquable à l'entrée des nouvelles technologies dans les établissements. Disons tout de suite que l'ouvrage va au-delà de son titre. Il ne traite pas du seul Internet mais des différents aspects, institutionnels, didactiques, matériels, de l'informatisation de l'école. Encore faut-il souligner que les auteurs ont, à juste titre, donné la première place aux questions didactiques.

L'ouvrage débute par un historique des étapes de la pensée didactique dans ses rapports avec l'outil informatique. Les auteurs rappellent le lien entre les premières utilisations de l'informatique, "l'enseignement programmé", et les théories behavioristes. Ils en montrent les limites.

S'appuyant sur les travaux des cognitivistes (Piaget, Papert, Bruner...), ils abordent ce que devrait être une pédagogie du multimédia : importance des échanges entre élèves, de l'apprentissage collaboratif, de la création collective, de la médiatisation. C'est en même temps replacer les nouvelles technologies à leur juste place : "les technologies sont une occasion, mais une occasion parmi d'autres, d'animer le débat sur l'éducation et peut-être également d'aider à réformer les pratiques" (p. 10).

Un second chapitre revient sur 15 années de politique publique. Chapitre intéressant puisqu'il resitue les efforts français dans le contexte international. Ainsi les programmes allemand, britannique, américain sont décrits et nous revivons le passage des machines du plan IPT à la norme PC. Le développement d'internet, du multimédia, l'informatisation de la société rendent plus nécessaire celle de l'école.

Aussi, dans deux chapitres, les auteurs vont-ils à la recherche des expériences de terrain dans les différentes disciplines. Connaissant bien le terrain, ils présentent des outils informatiques en maths, physique, français, langues. Ils donnent des exemples variés d'utilisation d'internet, de Piquecos au Vercors, de l'Ardèche à la Bretagne.

C'est pour mieux revenir sur les difficultés de l'intégration des nouvelles technologies dans le système éducatif français. Pour les auteurs "la cause profonde des difficultés rencontrées tient davantage à une réaction de conservation de l'institution scolaire" (p. 64). Le milieu scolaire leur parait peu préparé à recevoir les NTIC. D'abord parce que le travail supplémentaire que représente la mise en place de nouveaux outils et de nouvelles méthodes pédagogiques n'est pas reconnu : "sans une reconnaissance par l'institution de ce temps incompressible, de sa valeur pédagogique au même titre que le temps professé, tout plan d'équipement aura peu d'effet sur les pratiques pédagogiques" (p. 113). Rappelons que les pédagogues américains du programme ACOT (1) avaient relevé également la nécessité d'une reconnaissance institutionnelle de la recherche pédagogique des enseignants.

Ensuite parce que l'école a développé un modèle qui a trouvé un équilibre au fil des décennies. Le fonds institutionnel de l'école (structures, organisation, objectifs, critères) entre en contradiction avec les efforts d'innovation. Le soutien de l'institution et du pouvoir politique sont une condition nécessaire à toute évolution de l'école.

Les auteurs invitent à une refonte des contenus de formation des enseignants. C'est que les nouvelles technologies déplacent les frontières traditionnelles entre enseignants et élèves, entre l'individuel et le collectif, entre le monde clos de l'école et l'extérieur. Mettre l'école à l'heure d'internet ce n'est donc pas seulement utiliser des technologies mais c'est changer l'école dans ses pratiques, dans ses normes d'évaluation, ses repères. Les auteurs plaident pour une école ouverte sur le monde mais fidèle aux valeurs traditionnelles du développement personnel de l'enfant.

L'ouvrage s'adresse à un public varié. Les enseignants apprécieront la clarté des exposés didactiques. Ceux qui ne sont pas encore des utilisateurs des nouvelles technologies en classe pourront grâce à ce livre faire un tour d'horizon des expériences menées ces dernières années. Les décideurs trouveront dans l'ouvrage une argumentation claire et raisonnable en faveur d'une modernisation en profondeur de notre système éducatif.

(1) J. Haymore-Sandholtz, C. Ringstaff, D.C. Owyer, La classe branchée, CNDP 1997.


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