Non ! Pas James !!! Gerard C. Bond ! Le géologue, qui a établi l’existence, pendant l’holocène, de périodes de refroidissement de l’Atlantique Nord liées à des fontes périodiques de la banquise arctique. Vous avez dit « bizarre » ? Comme c’est bizarre en effet, cette manie de penser implicitement : « C’est un géologue ; on n’est pas concerné ! » ou « C’est de la paléoclimatologie ! Nous, on s’occupe seulement de climatologie… » Le pompon, ce fut H. l. T.
« Ne croyez-vous pas, lui demandais-je en aparté, après sa conférence, qu’il pourrait s’agir d’un événement de Bond ? »
« Un événement de quoi ? » demanda-t-il.
Je le lui expliquai patiemment, quoiqu’un peu interloquée.
Après quoi il déclara « J’en parlerai à mes collègues paléoclimatologues. »
Mes chers collègues de la Société Française de Philosophie, eux, le savaient depuis 2012 ou, du moins, auraient pu le savoir, s’ils avaient renoncé à toiser les sciences du haut de leur mépris.
Le scoop, maintenant : « Surprise : pour la première fois depuis le début du siècle, la calotte de glace du Groenland sera plus épaisse que l’année d’avant. » annonce Sylvestre Huet, journaliste au Monde. Et comme il rappelle par ailleurs dans son bref
article que la banquise a continué à fondre et que « paradoxalement, l’été 2017 a été marqué par des feux de végétation, sur la côte Ouest de l’île, observés par satellites.
», on détecte l’espoir secret que, finalement, dans cette capricieuse « Nature », il se pourrait bien que ces chutes de neige exceptionnelles soient venues opportunément
compenser tout ce qui, par ailleurs, atteste « le réchauffement ».
Voilà pourquoi il faut cesser de parler de « réchauffement » et employer l’expression « déstabilisation climatique ». Certaines zones vont se refroidir et c’est le cas de l’Atlantique Nord. C’est assez simple à comprendre : la banquise arctique fond et, de
façon privilégiée, au nord de l’Atlantique. Comme la glace s’est formée en expulsant le sel marin, l’eau qui résulte de cette fonte est douce et donc moins dense. En conséquence elle descend aux basses latitudes en demeurant en surface. Le système
intégré des courants océaniques qui transportait jusqu’à une époque récente, la chaleur acquise en zone intertropicale en demeurant en surface parce que transportée par des eaux plus chaudes donc moins denses, est modifié : la plongée en profondeur
a lieu de plus en plus au sud. Résultat : les régions septentrionales se refroidissent.
Les neiges du Groenland ne sont donc pas une raison d’espérer : elles résultent de la déstabilisation climatique. Quod erat demonstrandum.
Quant à ce qu’il faut en attendre en Europe, c’est la coprésence d’un front froid et d’un front chaud, des oscillations saisonnières plus importantes, la canicule au Sud, les tempêtes au Nord, les arbres qui brûlent en Provence ou qui sont arrachés par le vent en Allemagne septentrionale…
8 octobre 2017
Un événement de Bond, vous dis-je !!!
Coups de coeur / dimanche, octobre 8th, 2017