Agriculture industrialisé


/ vendredi, avril 9th, 2021

Agriculture passée sous la coupe des producteurs de l’industrie, dont la pratique, à terme, appauvrit le sol et endette l’agriculteur, le tout précédant la mainmise de véritables entreprises industrielles sur les terres agricoles. On a commencé par faire croire aux paysans que, grâce aux machines motorisées et aux intrants (engrais, pesticides), ils pourraient désormais réaliser leur travail sans effort. Résultat : ils sont devenus entièrement dépendants et leurs champs aussi. Ceux qui ont survécu à l’endettement et au dumping des prix pratiqué par les grandes surfaces ont racheté les champs de ceux qui ont fait faillite et travaille donc sur des parcelles de plus en plus grandes. Pour ce qui est des champs, le processus est le suivant : le désherbage et le labourage mécanisés compactent l’humus et se soldent par une baisse constante des réserves du sol en carbone et minéraux ; il faut donc en permanence répandre des engrais pour compenser les pertes de la récolte précédente. La pluie lessive cet humus compacté sans toutefois le pénétrer, faute des organismes terricoles et des plantes adventices lesquelles, grâce aux galeries et aux systèmes radiculaires, permettaient autrefois de la retenir ; il faut donc irriguer dès le printemps. On ne peut donc plus continuer à produire sans engrais et sans irrigation ; le sol se transforme insensiblement en simple support technique. Comme parallèlement on est entré dans le cycle infernal des pesticides, qui finit toujours par sélectionner des super ravageurs, on termine la tableau du désastre agricole avec les O.G.M. et une ultime illusion, celle d’être enfin sorti de l’ornière. Erreur fatale : l’O.G.M. n’est performant que sur le ravageur principal et il faut donc continuer à s’empoisonner et à empoisonner son champ et ses cultures – mais en payant beaucoup plus cher – des semences fabriquées pour ne pas se reproduire et contraindre le paysan à repasser tous les ans à la caisse. En Inde le sac de semences de coton modifié génétiquement a ainsi augmenté de 60 000 % ; le paysan trop endetté pour racheter des semences se suicide, en avalant généralement le bidon de pesticide. Vandana Shiva estimait il y a quelques années que 200 000 paysans avaient été ainsi poussés à se donner la mort. Au total les paysans qui subsistent sont inféodés à la grande industrie aussi sûrement que les serfs du Moyen Âge l’étaient au seigneur du lieu. Il existe heureusement une alternative : l’agroforesterie et la double culture permettent de restaurer en quelques années le potentiel humique du sol, sans engrais et sans irrigation. Il suffira ensuite de faire les semis de printemps sur la friche de la culture précédente. On peut encore améliorer la production en cultivant – en marge des champs ou entre les rangées – des légumineuses qui enrichissent le sol en azote et diverses plantes qui éloignent les ravageurs.

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