( 1904-2001) Surnommé « l’agronome de la faim », il fut en France le premier candidat écologiste à une élection présidentielle (1974) et, par là, le premier candidat écologiste au monde. Militant humaniste infatigable – en particulier pacifiste et féministe – ardent défenseur du tiers-monde, il partageait son temps entre les voyages d’expertise et l’écriture ; on lui doit notamment :
– L’Afrique noire est mal partie, 1962
– Nous allons à la famine, 1966 (coauteur : Bernard Rosier)
– L’utopie ou la mort, 1973
– Pour l’Afrique, j’accuse, 1986 (coauteur : Charlotte Paquet)
– Un monde intolérable, 1988.
Dans l’optique d’un développement soutenable, René Dumont préconisait
prioritairement le contrôle démographique, la préservation des sols et la mise en oeuvre d’une économie soucieuse des êtres humains.
Il assuma jusqu’au bout, secondé par Charlotte Paquet, ce qu’il désignait comme « le rôle ingrat de Cassandre ».
Il plaida en particulier la nécessité du développement durable auprès du
gouvernement américain. Il lui fut répondu qu’il était hors de question de réformer le libéralisme ou même de réguler l’économie de marché mais qu’il y avait peut-être quelque chose à faire. A quoi il répondit : « Décider de la position des mitrailleuses sur le Potomac. »
Dans la même veine, appelé à Cuba par Fidel Castro pour déterminer s’il convenait d’organiser la production agricole en sovkhozs ou kolkhozs, il répondit qu’il fallait demander leur avis aux paysans. Et comme un délégué français était mort, quelque temps plus tôt, à La Havane, dans des conditions mystérieuses, il feignit d’être pris d’un violent malaise. Il racontait cet épisode en riant, évoquant avec bonheur le blêmissement de Fidel Castro.
René Dumont donnait en tout temps et lieu, la priorité à la sécurité alimentaire.
Certains puristes de l’écologie lui ont reproché d’avoir œuvré à l’élaboration de l’agriculture productiviste d’après-guerre. Ils oublient que les tickets de rationnement ont duré jusqu’en 1948.
Au moment où l’on démembre l’Agro-Paris-Tech et le domaine de Grignon, il y a lieu de se demander ce que va devenir l’amphithéâtre René Dumont, inauguré il y a quelques années ; Charlottes Paquet, sa fidèle compagne, avait fait le voyage depuis le Québec pour y participer.
Pourtant s’il devait un jour exister un Panthéon universel, ce grand homme serait le premier à y entrer.
Trois films lui ont été consacrés, plus un montage documentaire encore accessible à l’adresse suivante :
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