La concentration de plus en plus importante des basses couches de la troposphère en dioxyde de carbone induit un abaissement du pH (potentiel hydrogène) des couches océaniques superficielles. Il en résulte en premier lieu une moindre disponibilité des ions carbonate et, ainsi qu’on a pu le mesurer récemment, des défauts de calcification des organismes à la base des chaînes alimentaires (krill, ptéropodes).
En second lieu, on peut imputer à l’accroissement de la concentration de CO2 dans les eaux de surface la survenue de stress respiratoires pour les organismes marins, avec les phénomènes d’irruption sur les zones littorales, et les zones mortes en haute mer, encore aggravés par le phénomène concomitant de bloom algal.
Plus que l’effondrement des prises de pêche, l’impact majeur de cette acidité accrue, c’est la fermeture du puits océanique de carbone. On a en effet ici une rétroaction positive caractérisée : abaissement de la biomasse => abaissement de la nécro-masse envoyée par le fond => augmentation du CO2 => augmentation de l’acidité => abaissement de la biomasse, et c…
Une étude récente a établi le passage, en 150 ans, du pH océanique moyen de 8,2 à 8,1, soit une augmentation de 25 % de l’acidité, le pH étant une fonction logarithme.
Le maximum thermique de la transition Paléocène / Éocène – survenue il y a 56 millions d’années – se traduisit par une augmentation générale moyenne de la température de 6°C. Mais ce maximum avait été atteint en plusieurs milliers d’années.
Cette variation thermique est équivalente à celle qu’induira la boucle rétroactive ci-dessus d’ici à la fin du siècle (pH 7,8). Le nombre d’espèces vouées à la disparition sera donc significativement plus important. Mais surtout il n’est pas certains que des espèces nouvelles aient l’opportunité de s’adapter à des changements si brutaux, d’autant moins que le phénomène d’augmentation de la température affecte déjà les
massifs coralliens dont on sait qu’ils sont les réservoirs majeurs de la biodiversité.