A propos des OGM
Les récents développements techniques de l’ingénierie génétique et les polémiques qu’ils ont suscitées en France au sein du Haut Conseil des Biotechnologies (HCB), ne donnent qu’un modeste aperçu de ce qui nous attend. Tâchons d’être méthodique.
Ce qu’il faut savoir préalablement :
– l’OGM désormais classique, style Monsanto, est d’abord un produit commercial agencé pour engendrer les plus grands profits. Contrairement à ce qui s’écrit un peu vite ici ou là, ce n’est pas pour résister aux ravageurs qu’il est conçu ; seulement au ravageur principal, ce qui constitue son argument commercial princeps. Moyennant quoi, pour les autres ravageurs, Monsanto peut continuer à vendre des quantités appréciables de Roundup, son pesticide fétiche, étant entendu qu’il a également bidouillé ses semences pour les rendre résistantes audit herbicide et stériles, ce qui permet d’assurer d’une année sur l’autre, au minimum le même volume de ventes.
– Les OGM. ne relèvent pas exclusivement de l’agriculture. Yves Bertheau, l’un des meilleurs spécialistes en la matière (et qui, faute d’avoir été entendu, avait démissionné du HCB en 2016) a d’ailleurs déclaré « Ce n’est pas innocent qu’un certain nombre de ces techniques d’édition du génome aient été récemment classées parmi les « armes de destruction massive » par les services fédéraux américains ».
Ceci étant, le plus inquiétant est ailleurs : la multiplication des techniques et l’émulation commerciale vont, selon toute probabilité, répandre dans l’environnement des souches dont on découvrira trop tard le vice rédhibitoire : synthèse accidentelle d’une protéine toxique ou transmission de séquences ADN à des ravageurs et induction d’une invasive multirésistante aux herbicides…
Seulement Monsanto trépigne ; Monsanto veut ses bonbons ! Ses brillants ingénieurs ont donc récemment mis au point des OGM… qui n’en sont pas ! Ou, plus exactement, qui ne seront plus détectables comme tels, la mutation ayant été induite préalablement dans la génération antérieure.
Les semences pourront en conséquence passer plus aisément la barrière des préventions qu’on leur oppose, ici ou là, dans le reste du monde et singulièrement en Europe, marché plein de promesses.
D’autant que Bayer – dont on a découvert, il y a quelques années, le comportement abject pendant la Seconde Guerre mondiale – a racheté Monsanto en 2017.
Pour mémoire…
Beaucoup plus discret que Monsanto, le groupe chimique allemand comporte une filiale
rigoureusement de même nature qui commercialisait en particulier des néonicotinoïdes, tueurs d’abeilles, et très probablement responsables de l’inhibition du développement du cerveau chez les nourrissons exposés aux pulvérisations.
Comme l’Union Européenne avait mis en place fin 2013 un moratoire de deux ans suspendant l’emploi de ces molécules, Bayer avait porté plainte contre l’UE, au motif d’une interdiction illégitime. L’argumentaire est de bonne apparence : si on utilise correctement ces produits, il n’en résulte aucun dommage.
Seulement la bonne apparence n’est pas tout. Ça n’est pas d’hier que Bayer manie avec dextérité la rhétorique prétendument normative. En témoignent quelques lettres trouvées par les soviétiques, dans les bureaux de la firme, peu avant la fin de la seconde guerre mondiale.
Extraits : « 200 marks est exagéré ; nous offrons 170 marks par sujet, nous avons besoin de 150 femmes. » ; « Veuillez donc faire préparer un lot de 150 femmes saines » ; « Nous sommes en possession du lot de 150 femmes. Votre choix est satisfaisant, quoique les sujets soient très amaigris et affaiblis. Nous vous tiendrons au courant des résultats des expériences. » ; « Les expériences n’ont pas été concluantes. Les sujets sont morts. Nous vous écrirons prochainement pour vous demander de préparer un autre lot. »
Lors du procès de Nuremberg les dirigeants de Bayer n’ont pas été poursuivis ; seulement ceux d’IG Farben, la maison mère.
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