Du temps qu’il fait et de quelques unes de ses causes et conséquences…
L’Islande, à l’aplomb de la dorsale médio- atlantique, est probablement l’endroit au monde le plus actif sur le plan volcanique. On se souvient des phases éruptives de l’Eyjafjöll en 2010 et chacun a pu apprécier leur impact immédiat avec l’interruption du trafic aérien en Europe. Pour le plus long terme, c’est une autre histoire…
Les poussées qui traversent les immenses chambres magmatiques du sous-sol islandais empruntent l’une ou l’autre bouche éruptive, provoquant à l’occasion des jökulhlaups, inondations catastrophiques résultant de la fonte brutale du glacier qu’elles traversent.
Le volcan Katla n’est pas moins redoutable que l’Eyjafjöll.
Le 8 juin 1783 il est entré en éruption en empruntant le cratère Laki. Ça va durer pendant des mois, jusqu’en février 1784, avec des millions de tonnes de cendres répandues partout : un brouillard sulfuré qui empêche de respirer et qui confisque partiellement l’ensoleillement avant de modifier temporairement le climat. En Islande 80 % des animaux d’élevage périssent et 20% des Islandais ne survivent pas ; d’abord asphyxie et puis famine.
Mais ces cendres vont aussi recouvrir une partie de l’Europe du Nord. Il est probable que, comme en 2010 avec l’Eyjafjöll, un puissant anticyclone stationnaire en Atlantique nord a durablement maintenu un vent de Nord Ouest.
1783, 84, 85 : trois hivers très rigoureux en France ; mauvaises récoltes dans les vignes de Champagne les deux premières années, mais partout exceptionnelles en 1785.
1786, 87 : il fait froid et les vendanges sont tardives et médiocres ; hausse du prix du vin. On estime qu’à cette époque, un Français en buvait en moyenne 100 litres par an…
1788 : hiver doux, printemps frais. Échaudage des blés en mai et juin c’est-à-dire dessèchement avant terme ; récoltes catastrophiques.
Et puis c’est le 13 juillet, le 13 juillet 1788. La veille un vent d’orage a déraciné un millier de pommiers en Normandie. Cette fois c’est un orage de grêle d’une violence inconcevable qui ravage tous les champs de blé, de froment et de lin sur tout le Nord de la Loire ; au Sud, une sécheresse infernale ; on vendange longtemps à l’avance –
comme aujourd’hui – pour ne pas perdre le raisin…
Les grêlons sont tellement énormes qu’ils pulvérisent les tuiles et tuent les animaux des bois. Le prix des grains s’envole dès le mois d’août.
Là-dessus un hiver glacial. Il gèle à Paris pendant près de 3 mois ; le prix du bois de chauffage est multiplié par 2. A la Saint Sylvestre, on enregistre -22°C à Paris et -30°C en Alsace.
Printemps 89 : émeutes de la faim à Aix, Besançon et Amiens. A Marseille le 30 avril les émeutiers donnent l’assaut aux trois forts militaires ; l’un des commandants est tué.
Juillet 89, Paris : aucun sac de grain n’a passé la barrière de l’octroi depuis plusieurs jours. Les Parisiens qui ont vu arriver dans la capitale le Royal allemand, craignent un coup de force du pouvoir auquel préluderait le blocage des grains. Ils se sont armés partout où ils pouvaient.
Trois jeunes gens, le ventre vide, errent sur le boulevard Saint Antoine ; ils ont chapardé des mousquetons dans une armurerie. Le premier dit « Venez, les gars : on va prendre la Bastille ! » ; le deuxième rit ; le troisième dit « Pourquoi pas ? »
Dernière précision : la fonte du glacier, en diminuant la pression, fait passer le magma du volcan sous-jacent de la phase solide à la phase liquide, ce qui accroît son volume et sa température, augmentant ainsi le risque d’éruption.
Muriel Grimaldi