Abeilles


/ samedi, avril 17th, 2021

Les quatre cinquièmes de plantes, sauvages ou cultivées, ont besoin d’insectes pollinisateurs pour se reproduire. Or les populations d’insectes qui accomplissent cette fonction – abeilles, papillons, bourdons, mouches – sont globalement en déclin.
Le cas d’Apis melifera, l’abeille domestique élevée en Europe et en Amérique, est emblématique de cette disparition. A partir de 1998 en Europe – et 10 ans plus tard en Amérique – on a vu apparaître le SEE (syndrome d’effondrement des essaims).
Ses caractéristiques sont les suivantes : les ouvrières adultes disparaissent, laissant les œufs et les larves à l’abandon ; mais, pour autant, on ne retrouve pas de cadavres autour de la ruche.
Il serait cependant simpliste d’incriminer un effet direct des pesticides traditionnels.
Ce sont d’abord les échanges commerciaux qui ont permis au ravageur principal, un acarien parasite du nom de Varroa destructor, de muter et d’étendre son aire de répartition de l’Asie – où il est relativement maîtrisé par son hôte, Apis cerana – vers l’Europe et l’Amérique.
En plus de son action propre – il affaiblit son hôte en consommant son hémolymphe – il inocule un certain nombre de virus provoquant la paralysie ou une déformation des ailes ou la perte du sens de l’orientation.
Cette synergie basale a vu ses effets multipliés par la monocultures, les pesticides et l’amplifications des aléas climatiques. Les pollinisateurs en général, les abeilles domestiques en particulier, ne trouvent plus dans leur environnement – du fait des la disparition des haies, des espaces sauvages, de la rotation des cultures – une nourriture suffisamment riche et variée pour résister aux divers parasites. Les écarts climatiques accroissent le stress des abeilles qui sont de moins en moins à même
d’assurer la survie de la ruche. Quant aux pesticides, il est probable qu’ils ont induit des rétroactions positives avec les virus ; certains de ceux-ci accroissent la toxicité desdits pesticides, lesquels, en modifiant la flore intestinale des insectes, pourrait y favoriser la prolifération virale. Par ailleurs les neurotoxiques de dernière génération (néocortinoïdes) ne se contentent plus d’empoisonner les essaims ; à des doses infimes, ils perturbent – directement cette fois – les différents systèmes de repérage
des abeilles ; les animaux ne retrouvant plus la ruche meurent d’épuisement.
En Chine ce sont des ouvriers agricoles qui « pollinisent » à la main ; aux États-Unis, des entreprises itinérantes louent leurs abeilles transportées dans des caisses. Dans un monde où la sécurité alimentaire paraîtra bientôt un rêve lointain, comment produira-t-on assez de nourriture sans les abeilles et autres pollinisateurs ?

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