Ultime science humaine née en 2008 des travaux de divers chercheurs américains et relative à la production concertée de l’ignorance. Il ne s’agit pas ici de la privation de savoir mais de la fabrication de d’allégations contradictoires, susceptibles de neutraliser des études scientifiques qui pourraient porter atteinte à des intérêts économiques conséquents. Le cas initial est celui du tabac ; il était établi dès les
années 60 que le tabac était cancérigène mais en finançant des recherches susceptibles de semer le doute à ce sujet, l’industrie du tabac a pu continuer d’engranger des bénéfices pendant quelques décennies supplémentaires.
Naomy Oreskes et Eric Conway ont établi dans « Merchants of doubts » qu’un mécanisme analogue a été mis en place à propos de la déstabilisation climatique ; la cause de cette stratégie du doute, c’est ce que ces chercheurs nomment de façon significative « le fondamentalisme du marché ». Dès lors ces deux universitaires
prévoient « l’effondrement de la civilisation occidentale ». Cependant quand ils posent la question de savoir pour quel motif « on sait tout mais on ne fait rien », la thèse du lobbying ciblant des universitaires ne suffit plus à lui apporter une réponse.
C’est donc désormais la figure du déni qu’il faut interroger.