La glace fond.
C’est l’effet du réchauffement climatique.
Et l’ours polaire déconcerté dérive sur son minuscule bloc de glace.
En fait les choses sont un petit peu plus compliquées. Cette glace qui fond dans l’Arctique ne se reconstituera pas avant la prochaine ère glaciaire, dans 1500 ans ; d’ici là, tous les ours polaires auront disparu.
Pourquoi ?
Parce que le remplacement de la surface blanche de la glace par celle de la mer équivaut à une inversion de l’albédo, c’est-à-dire de la quantité de chaleur renvoyée dans l’atmosphère. La neige ou la glace réfléchissent 90 % de cette énergie ; l’eau de mer en absorbe 80%.
Plus la glace disparaît, plus l’eau de mer absorbe de chaleur, plus la glace disparaît…
Et puis les ours n’auront progressivement plus de quoi se nourrir.
Les basses couches de l’atmosphère, de plus en plus riches en dioxyde de carbone, provoquent une acidification des eaux de surface. De là une calcification anormale des organismes qui sont à la base des chaînes alimentaires : ptéropodes en Arctique, krill en Antarctique.
Du reste, il n’y a pas que les ours ; 30% de la population mondiale prélève ses protéines dans les océans.
Mais les 70% qui restent sont également concernés.
Pourquoi ?
Parce que le puits biogéochimique de carbone va se fermer.
Ces organismes marins – voués à disparaître – piègent par leurs déjections et leurs cadavres une quantité appréciable de carbone qui se dépose sur les fonds.
Il n’y reste pas éternellement et finit par revenir en surface, mais son cycle est de 1500 à 2000 ans.
La glace fond.
La fonte du pergélisol sibérien va expédier des centaines de milliers de tonnes de méthane dans l’atmosphère.
En tant que gaz à effet de serre , le méthane y séjourne 10 fois moins longtemps que le dioxyde de carbone, mais il est 25 fois plus efficace.
Et puis l’eau résultant de la fonte des glaciers et banquises est dépourvue de sel.
Moins dense que l’eau de mer, elle demeure en surface.
L’eau provenant les latitudes méridionales, plus chaude, mais plus dense, plonge de plus en plus tôt.
Le système intégré des courants marins est modifié.
Cette modification entraîne celle de la circulation atmosphérique .
Les climats locaux perdent leur pérennité.
Pour mémoire Bordeaux est situé à la même latitude que Montréal.
Ces derniers temps, en quelques semaines l’Australie est passée d’incendies dévastateurs à des pluies diluviennes.
L’agriculture traditionnelle est condamnée.
Les glaciers des Andes disparaissent ; les villages d’altitude n’ont plus d’eau ; les paysans descendent vers les plaines et les villes.
L’agriculture hyper technicisée est hors d’atteinte des paysanneries traditionnelles.
La disparition de la sécurité alimentaire provoquera successivement des vagues migratoires, la montée des tensions internationales et intra nationales, la guerre.
Si la glace se contentait de fondre, les privilégiés demeureraient dans l’illusion qu’ils ont encore du temps. Ce n’est pas le cas.
Pourquoi ?
Parce que la glace qui fond coule dans les fractures du glacier ; cette eau qui s’infiltre forme des lacs sous-glaciaires sur lesquels les énormes masses de glace qui résultent de la fracturation vont commencer à glisser.
De là en particulier le vêlage d’icebergs provenant de ces glaciers.
Pour mémoire, il y a 10 ans l’iceberg B-15 s’est détaché de l’Antarctique ; il avait la surface de l’île de la Jamaïque…
Si les glaciers du Groenland disparaissaient, l’eau de leur fonte provoquerait à elle seule une hausse générale de 7 mètres du niveau des océans…
Plus de chaleur, c’est aussi plus d’énergie.
Tempêtes, cyclones, vagues submersives… la plupart des grandes métropoles littorales connaîtront dès les prochaines décennies des inondations catastrophiques.
Ce n’est pas tout : la pression de la masse de glace sur la lithosphère a une autre propriété : à l’occasion, elle maintient le magma à l’état solide. Si cette pression diminue, ce magma entre en expansion et va engendrer le cas échéant des éruptions volcaniques.
L’Islande est représentative de ce problème avec l’éruption de l’Eyjafjöll en 2010 et celle du Bardarbunga en 2015. Les glaciers y recouvrent trois autres volcans.
Sans parler de la chaîne volcanique de l’ Antarctique…
Impact des éruptions volcaniques sous-glaciaires :
Fortes émissions de carbone dans l’atmosphère ; diminution de l’albédo par la chute des particules sombres sur la glace.
Cependant les particules propulsées dans l’atmosphère interceptent le rayonnement solaire et vont donc avoir un effet refroidissant.
La glace fond mais le terme de réchauffement est trompeur.
Nous sommes entrés dans la déstabilisation climatique globale.
Cependant nos irresponsables responsables répètent inlassablement le mantra croissance, échanges, PIB., pouvoir d’achat et consommation…
Revenir aux choses simples, choisir la sobriété, opter pour le développement humain…
Il faut changer de civilisation.
Glace
/ samedi, avril 10th, 2021