Ensemble des masses d’eau salée occupant les zones les plus basses du relief terrestre.
La salinité caractéristique des océans résulte du lessivage des roches par les
précipitations, pendant plusieurs milliards d’années.
Sur le plan climatique le système intégré des courants océaniques (Great Conveyor
Belt) qui commande également l’évaporation et la circulation atmosphérique, engendre
une grande partie des climats locaux.
D’autre part les océans captent une partie significative des émissions du carbone
atmosphérique – environ un tiers – mais surtout cette captation est de longue durée,
de l’ordre de 1000 à 2000 ans.
C’est ce qu’on désigne comme le puits biogéochimique de carbone. En substance la
biomasse riche en carbone – à savoir les déchets organiques produits par l’activité
biologique (déjections, cadavres) – sédimente lentement sur les fonds puis est entraînée
par le système des courants dans un périple de plusieurs siècles avant que
ses constituants chimiques ne retrouvent la surface et soient relargués dans l’atmosphère.
Or ce puits a commencé à se fermer inexorablement.
Le dioxyde de carbone, du fait du rapport des masses, occupe les plus basses
couches de l’atmosphère. Outre la captation accrue de chaleur, il a un autre effet
délétère : il acidifie, si elles sont suffisamment froides, les eaux superficielles.
Or c’est dans les zones où elles le sont le plus que se sont réfugiés, par sélection naturelle,
les petits animaux qui sont à la base des chaînes alimentaires océaniques :
les ptéropodes en Arctique, le krill en Antarctique.
Cette acidité accrue affecte à la fois leur calcification et leur métabolisme. La limitation
de ces populations affecte donc l’ensemble de la biosphère océanique.
Comme si ça ne suffisait pas, un phénomène analogue d’acidification affecte les récifs
coralliens. Il est moindre mais il suffit à rompre la symbiose entre les polypes
qui édifient ces récifs et l’algue qui se nourrit du dioxyde de carbone qu’ils rejettent,
les pourvoyant en retour de nutriments essentiels.
Les polypes et les algues disparaissent, les exosquelettes se fragilisent et se brisent
et les récifs qui servaient de pouponnières à 20% des espèces marines sont désormais
ouverts aux prédateurs. Les individus juvéniles n’ont donc plus le temps de se
reproduire et les populations s’effondrent.
A cela il faut encore ajouter les millions de tonnes de plastiques rejetées dans les
océans – formant désormais ce qu’on est convenu de nommer le septième continent
– mais surtout la quantité ahurissante de micro-particules qui en résultent et s’accumulent
désormais dans l’ensemble des organismes marins.
Et puis, bien sûr, la pèche industrielle… non seulement elle draine d’énormes chaluts,
rejetant à l’eau, après tri, les espèces « sans intérêt économique » mais encore
elle est récemment passée à la technique du raclage des fonds, stérilisant des zones
entières.
Sans parler de la « pêche scientifique » made in Japan…
Là encore ce sont d’abord les plus pauvres qui feront les frais de ces pratiques dévastatrices.
Un tiers de l’humanité environ prélève ses protéines dans les mers et
océans et réside donc à faible distance des côtes promises de plus en plus aux impacts
de la déstabilisation climatique : érosion du littoral, tempêtes, inondations,
vagues submersives…
Rabhi Pierre
Océans
/ mercredi, décembre 21st, 2022