Paradis (du) à l’enfer en une décennie


/ samedi, avril 10th, 2021

C’est ainsi qu’on pourrait appréhender la triste condition des habitants du Vanuatu (ex Nouvelles Hébrides ), un archipel de 83 îles volcaniques situé dans le Sud Ouest du Pacifique. En 2006 c’était encore la destination touristique rêvée entre toutes. Dix ans plus tard la communauté internationale le tient pour l’endroit le plus dangereux au monde : tempêtes et cyclones s’y succèdent, l’érosion du littoral est telle que certains de ses habitants ont déjà dû déménager deux fois. La mer y monte deux fois plus vite qu’ailleurs, conjugaison probable de l’expansion thermique et d’effets d’upwelling. Des arbres sont arrachés par le vent l’un après l’autre. L’eau de mer ruine les plantations de cocotiers et les marécages s’étendent, favorisant la prolifération des moustiques porteurs de la dengue ou de la filariose. En prime : séismes et tsunamis. Le cyclone de 2015, baptisé Pam, a tué 29 personnes et en a mis 3 300 dehors ; 85 % des maisons de la capitale, Port Vila, ont été détruites. La dette de cette modeste nation explose littéralement depuis quelques années, tant sont élevées les dépenses requises pour assurer le minimum vital. Jeannette Leimala Raupepe a déclaré aux visiteurs de Greenpeace : « Ici, tout est imprégné par le changement climatique : l’économie, l’éducation, la santé. À l’école, le changement climatique est une matière à part entière qu’on enseigne aux enfants. Toute notre vie est affectée. Nous n’avons pas d’autre choix que d’apprendre à vivre avec ces impacts. J’ai le droit de demander aux autres pays, notamment aux États-Unis et aux pays européens, et aux entreprises, de prendre conscience de ce qui se passe ici et d’arrêter d’émettre du CO2. Aujourd’hui, le Vanuatu est touché. Au tour de qui demain ? » Il est malheureusement probable que tant que seuls les plus faibles seront affectés, rien ne bougera sérieusement… La devise du Vanuatu est, traduite du Bichelamar, « Nous nous tenons devant Dieu » En ce cas nous suggérons à Dieu, au cas bien improbable où il existerait, d’emporter dans la mort un puissant de ce monde pour chaque humble victime de cet archipel perdu.

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