Il y a 5 000 ans Gilgamesh, seigneur d’Uruk, et son ami Enkidu gravissaient déjà les pentes du mont Liban pour se procurer ce bois précieux. Assurbanipal et Alexandre de Macédoine en firent
autant. Il y eut, sur ces pentes, jusqu’à 400 000 arbres ; il en resterait 80 000 en tout, et plus pour très longtemps…
Pourquoi ? Il n’y a plus assez de neige sur ce mont-là.
Le sirex pond ses larves sur les bourgeons des cèdres et celles-ci s’en nourrissent avant de s’enfouir dans le sol ; jusqu’à une date récente elles y restaient plusieurs années en sommeil.
Le réchauffement et la disparition de la neige les réveillent tous les ans ; à ces ravageurs s’ajoute la sécheresse. Les arbres meurent les uns après les autres ou ensemble, quand il y a un incendie.
Le Liban devra probablement changer de drapeau avant la fin du siècle. Il faudra se souvenir qu’un cèdre pouvait alors vivre jusqu’à 2500 ans. Il se peut qu’il y ait encore, au cœur de la forêt de Tannourine, un arbre qui aurait atteint cet âge vénérable et qui serait lui-même issu d’une graine d’un arbre du même âge… que, par respect, Gilgamesh aurait renoncé à faire abattre.
Les cèdres du Liban, eux-mêmes…
Coups de coeur / dimanche, février 21st, 2021