TOPOS

Muriel Grimaldi

1.1 De la nature
1.2 Pour une cosmologie alternative

1.3 Métaphysique béta

2.  Monde et environnement


1.1 De la nature

Cette notion discutable occupe dans notre représentation du monde une place de choix. Or elle me paraît constituer un obstacle à l’évolution des mentalités, requise à la fois sur le plan théorique et sur le plan pratique, par la mise au bord du gouffre de l’humanité que constitue la déstabilisation climatique globale.

Si l’on tente de cerner l’impensée de cette notion, on trouve une sorte de mixte entre une puissance créatrice que marquerait à la fois – et paradoxalement – l’aveuglement et l’intelligent design des néo-créationnistes américains.

Le « deus sive natura » de Spinoza, quelque interprétation qu’on lui donne, est réactualisé par un philosophe contemporain, Marcel Conche, qui désigne par le concept de « nature multi-englobante » cette entité mystérieuse, maternelle en somme, qui engendre à la fois les vivants et la beauté.

On n’a généralement pas pris la mesure de la révolution que Darwin a établi dans le domaine de la pensée, et singulièrement dans la représentation que les humains se font d’eux-mêmes.

« Homo sapiens » qui est engagé dans la destruction de son lieu de vie, ne veut pas le savoir, précisément parce qu’il ne veut pas non plus savoir d’où il vient ; il préfère se penser comme espèce dominante – intelligente, justement – chef-d’oeuvre de la nature.

D’où vient-il, justement ? Comme tout le reste : du jeu de tric trac, comme disait Héraclite*, du hasard et de la nécessité.

Tous les changements climatiques ne viennent pas des perturbations de la circulation  atmosphérique.

Deux, en particulier, méritent de retenir notre attention :

I La surélévation de l’épaulement érythréen.

Elle est d’origine tectonique ; mais elle prive progressivement l’Afrique du Nord-Est des apports océaniques qui y entretenaient une forêt luxuriante.

Certains singes qui trouvaient refuge dans ses arbres, vont devoir se dresser plus longtemps sur le sol pour surveiller les félins, tout en passant d’un arbre à l’autre.

Le bassin se redresse : les petits naissent prématurément. Mais les os du crâne se modifient aussi et l’oreille entre en communication avec la cavité buccale.

La femelle porte son petit et commence à moduler des sons pour le faire patienter…

Le genre Homo est né. Après quoi l’ hémisphère cérébral gauche va lentement se spécialiser dans la dénomination puis l’organisation conceptuelle de ce que le droit continue à lui livrer de l’environnement. Naissance de la conscience puis de la pensée.

Evidemment, avant d’en arriver à la sentence héraclitéenne – « Le devenir du monde est un enfant qui joue au tric-trac »* – ça va prendre un certain temps ; quelques millions d’années.

 

II Une catastrophe écologique

Les cyanobactéries sont apparues sur Terre il y a 3,4 milliards d’années et sont, avec les archées, les êtres vivants les plus anciens que nous connaissions. 

Ce sont initialement des monocellulaires aquatiques et procaryotes (n’ayant pas de noyau différencié). Elles sont naturellement autotrophes (s’édifiant directement à partir des minéraux) et se procurent leur énergie par le moyen de la photosynthèse ; grâce à l’énergie solaire, elles dissocient les molécules d’eau, récupèrent des électrons, fixent le dioxyde de carbone et le transforment en composés organiques, d’abord des sucres, puis, quand elles commencent à former des colonies, du calcaire. Les stomatolites sont les roches biogéniques produites par la sédimentation des tests calcaires de ces colonies bactériennes.

Au terme de ce processus biochimique, elles libèrent du dioxygène. 

Les cyanobactéries ont été, avec quelques autres procaryotes, les seules occupantes de la planète pendant 1 milliard 200 millions d’années.
Et puis, il y a 2,4 milliards d’années, survient la « grande oxydation ».
Jusque là le dioxygène qu’elles produisaient était fixé par le fer dissout dans l’océan. 

Mais quand tout le fer disponible fut utilisé, l’oxygène commença à s’accumuler dans l’atmosphère. Comme parallèlement celle-ci s’était fortement appauvrie en dioxyde de carbone, du fait de la constitution du carbonate par les colonies bactériennes durant ce temps considérable, il en résulta une modification considérable de la composition atmosphérique ; ce fut « la grande oxydation ». 

L’atmosphère primitive, essentiellement constituée de vapeur d’eau et de dioxyde de carbone, ne comportant pas d’oxygène libre, les procaryotes primitifs étaient tous anaérobies.

– Le premier effet de cette grande oxydation fut donc sûrement une grande extinction.
– Le deuxième fut de favoriser l’apparition sur Terre des aérobies, des eucaryotes et des organismes terrestres.

Ce qui a rendu possible à terme cette floraison de formes vivantes, c’est la constitution de la couche d’ozone stratosphérique, capable d’empêcher le rayonnement ultraviolet de haute énergie de parvenir jusqu’aux surfaces terrestres. Or celle-ci, quoique tardive (500 millions d’années avant l’époque actuelle) n’aurait pas été possible sans la grande oxydation. 

Cependant cette arrivée fut retardée de quelque 400 millions d’années par un troisième effet : une glaciation sans précédent. C’est le phénomène de la « Terre boule de neige ». Dans l’hypothèse la plus optimiste, seule la ceinture équatoriale serait demeurée libre de glace. 

En réduisant drastiquement la proportion des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, la grande oxydation a enclenché la formation de glaciers qui ont poursuivi inexorablement leur avancée, en vertu de la boucle de rétroaction suivante : 

diminution des gaz à effet de serre dans l’atmosphère > refroidissement > apparition de glaciers > augmentation de l’albédo > refroidissement > extension des glaciers > augmentation de l’albédo… etc. 

Comment est-on sorti de cette spirale infernale ? Probablement grâce aux volcans, avec un double impact : 

–  augmentation de la teneur de l’atmosphère en gaz à effet de serre 
–  diminution de l’albédo des glaciers par dispersion de suie. 

Si nous vivons des déchets du monde des cyanobactéries, il est fort probable que nous préparions leur retour.

Conclusion

Ce n’est donc pas d’hier que les événements climatiques modèlent les vivants.

Le plus récent : la fin de l’optimum saharien.

Il y a 5500 ans le grand jardin saharien a passé lui aussi le seuil critique : l’insolation diminue et les moussons faiblissent ;
l’évaporation devient dominante et la végétation se dégrade ;
l’aridité s’installe et les Sahariens, mangeurs d’escargots, se replient sur les marges.

Ils ont laissé des gravures rupestres qui témoignent de la présence de vaches, d’antilopes, de gazelles et d’éléphants. A Djelfa on a aussi retrouvé « les amoureux timides ». C’est peut-être cette terrible histoire que se sont transmis ceux de leurs descendants qui ont migré « à l’est d’Eden » et il se peut que « l’ange à l’épée de feu », chargé selon la Bible d’en interdire l’entrée, soit la transposition poétique d’un soleil désormais meurtrie

La « natura naturans » comme entité créatrice engendrant le foisonnement des vivants et pourvoyant à leur subsistance, est une illusion.

Il y a tout au plus une  « natura naturata », pour reprendre la distinction scolastique, c’est-à-dire un état de chose qui permet la survie de telles ou telles espèces vivantes.

Nous ne pouvons donc entendre par le terme de « nature » que le complexe chrono-bio-géochimique compatible avec la survie de notre espèce.


1.2 Pour une cosmologie alternative

1er extrait

  • Modèle heuristique : c’est simplement une entrée en matière destinée à enclencher
    la recherche.

2e extrait

  • La cosmologie a des idées noires
  • Un modèle de l’univers
  • Travaux d’aiguille (plan projectif en tissu)
  • Bonus métaphysique

1.3 Métaphysique béta

  • Eléments de métaphysique
  • Eléments de physique théorique
  • Eléments de mathématiques
  • Encore un peu de métaphysique
  • Eléments de philosophie

2. Monde et environnement

SOMMAIRE

Introduction

A La machinerie climatique

I Les données du problème

II Eléments constitutifs du climat

1 – Eléments astronomiques
a) L’activité solaire
b) Les cycles de Milankovic
α – Le cycle orbital
β – L’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre
γ – Le cycle de la précession axiale
δ – Quelques considérations supplémentaires
2 – Eléments terrestres
a) Mouvements tectoniques
b) L’albédo et la nébulosité
c) Volcanisme et aérosols
d) Vents et courants
α – La circulation atmosphérique
β – La circulation océanique
e) Le facteur biotique

III Les caractéristiques du système


B La problématique actuelle

I La polémique

II Réalité de l’effet de serre additionnel

III Données numériques et physico-chimiques

IV Fragilité de l’assise humaine

1) Répartition géographique des populations
2) Le problème de la sécurité alimentaire

C Esquisse d’une réflexion philosophique

Conclusion