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groupe de recherche sur l'autoformation

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Point sur la recherche


L'autodirection en formation
Philippe Carré - Groupe Interface - Université Lille 1

On trouve les racines de la notion d'autodirection dans le domaine de la formation des adultes sous la plume d'auteurs-pégagogues américains au cours de la première moitié de ce siècle (John Dewey, Edouard Lindeman, Carl Rogers ...). Et ce sont deux autres américains, Allen Tough et Malcom Knowles qui ont permis le développement de l'idée d'autodirection en formation, dans le sillage ouvert par le terme d'apprentissage autodirigé (Self-directed learning), équivalent anglais du terme d'autoformation, depuis le début des années 70.

Les deux tendances majeurs de recherche et d'opérationnalisation repérables à l'heure actuelle autour du concept d'apprentissage autodirigé sont à rapprocher des travaux de ces derniers auteurs.

Le premier, Allen Tough a déclenché dès 1971 des dizaines de recherches sur les " projets d'apprentissages de l'adulte " à partir de sa méthodologie originale, ce qui a permis de faire émerger dans toute sa force la face immergée de " l'iceberg de la formation des adultes ". Selon ces résultats, les adultes passent de nombreuses heures à mener des projets d'apprentissages autodirigés, pour la plupart indépendant des institutions.

Malcolm Knowles, quant à lui, a formalisé les méthodes d'accompagnement de l'apprentissage autodirigé en 1975, dans un livre dont le titre illustre la portée de cette notion pour les formateurs : " L'apprentissage autodirigé : un guide pour les apprenants et les enseignants ".

L'autodirection en formation peut aujourd'hui être considéré comme un phénomène à trois facettes. D'une part, et dans la foulée des travaux sur la motivation à la formation et les projets d'apprentissage des adultes, il s'agit de mieux comprendre la dynamique autonome du sujet eu égard à la formation. Les notions d'autodirectionnalité, de contrôle psychologique du projet, de motivation intrinsèque apparaissent comme les premiers jalons de la réflexion à ce niveau.

Une seconde facette recouvre la question de l'instrumentation pédagogique et de l'accompagnement en milieu éducatif des apprentissages autodirigés. Il s'agira alors, sur un mode plus opérationnel, d'élaborer peu à peu une ingénierie et une technologie des apprentissages autodirigés favorisant la prise de contrôle par le sujet des ressources pédagogiques disponibles. On croisera ici le champ de l'individualisation, de la formation ouverte, des dispositifs " flexibles " ...

Enfin, un troisième aspect de l'investigation de la notion d'autodirection en formation touchera au domaine des apprentissages autodirigés non - ou peu - accompagnés, donc en milieu social, " naturel ", sans médiation pédagogique. Dans un environnement de travail, il s'agira de repérer, afin de mieux les connaître et les exploiter, les apprentissages " au quotidien ", réalisés et contrôlés par les sujets eux-mêmes dans et par l'organisation. Le champ sera alors limitrophe, voire parfois isomorphe de ceux de l'apprentissage organisationnel, expérientiel, voire de l'autodidaxie professionnelle.

L'autodirection en formation peut ainsi s'analyser sur un rythme ternaire, scandé tour à tour par l'accent porté sur l'un des trois maîtres de J.J. Rousseau : soi, les autres, les choses. Ou, dans le cadre de la formation en milieu professionnel, l'apprenant, le facilitateur, l'organisation.