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Point sur la recherche
Explorer l'autoformation par le blason
Pascal Galvani - Université européenne
de formation - Tours
Si l'on envisage la formation comme mise en forme existentielle,
l'autoformation désigne le processus vital et permanent
d'actualisation d'une forme personnelle. Gaston Pineau qualifie
cette approche de " bio-cognitive " : parce
qu'elle envisage la formation comme le processus vital d'actualisation
de la " forme " de tout être vivant.
C'est essentiellement avec des pratiques biographiques que s'est
développée l'exploration compréhensive des
processus d'autoformation dans une ... Dans cette perspective,
les pratiques biographiques visent à révéler
et à développer l'autoformation (PINEAU G., Produire
sa vie : autoformation et autobiographie, Paris : Edilig,
1983). Ce qui est visé chez les différents auteurs
de ce courant, c'est en même temps et de manière
indissoluble : la compréhension des processus d'autoformation
personnelle et leur développement chez les personnes qui
participent à l'action.
Une première recherche sur l'autoformation et la fonction
de formateur (GALVANI G., Autoformation et fonction de formateur,
Lyon : Chronique sociale, 1991) a permis de valider la pertinence
du blason comme méthode exploratoire de l'autoformation
en complément aux histoires de vie.
Le blason permet un " travail par support métaphorique
sur l'image de soi " (PERETTI A. De, Organiser des formations,
Paris : Hachette, 1993). La méthodologie du blason s'inscrit
dans le même paradigme théorique que les histoires
de vie. Nous rappellerons simplement les points suivants :
- ce type de méthode s'inscrit dans une approche théorique
compréhensive (exploratoire) et non dans une visée
explicative ou prédictive
- les approches théoriques qui sous-tendent l'histoire
de vie ou le blason font une place au sujet dans son historicité.
A ce titre, le chercheur ou le formateur qui la met en pratique
se trouve impliqué en tant que sujet. L'implication des
sujets dans ce type de démarche impose une déontologie
particulièrement exigeante au chercheur comme au formateur.
- Implication et explicitation de sa position
- négociation et contractualisation rigoureuse du cadre
et des modalités de participation de chacun
- confrontation de l'intersubjectivité dans la coanalyse
des contenus.
Le blason, par sa forme d'expression, relève plus du symbole,
de l'image, que du récit. C'est une différence importante
qui fonde sa complémentarité avec les histoires
de vie. De ce fait, le blason permet d'exprimer et e confronter
les imaginaires personnels de la formation. Il nous introduit
dans l'anthropologie de l'imaginaire (DURAND G., Les structures
anthropologiques de l'imaginaire, Dunod-Bordas; DURAND G.,
L'imagination symbolique, PUF - Quadrige) et permet de mettre
en relation la quête du sens vécue personnellement
avec des approches interculturelles et des approches sociologique
de la situation post-moderne.
La formation, en tant que pratique sociale, se trouve aujourd'hui
mise en demeure de répondre à des questions qui
jusqu'alors étaient assumées dans le champ religieux,
philosophique ou politique. " Autrement dit, avec l'effritement
du projet collectif de la modernité, tout individu est
renvoyé à lui-même pour trouver un sens et
pour se réélaborer une perspective " (FINGER
M., Apprendre une issue, Lausanne : Loisirs et pédagogie,
1989).
Si la formation se trouve aujourd'hui à faire face aux
questions spirituelles et métaphysiques de la quête
de sens, il y aurait grands risques à la parer des capacités
et de la spécificité des pratiques religieuses,
philosophiques ou thérapeutiques! Comme le souligne Mathias
Finger : " l'éducation des adultes n'est pas
en mesure, aujourd'hui de répondre aux attentes par des
concepts, des conceptions et des idées adaptées
à notre époque ".
Pour Henri Desroche, le " maïeuticien "
à venir n'aurait " pas besoin d'être médecin
et pas le droit d'être prêtre " (DESROCHE
H., Les personnes dans la personne, Villejuif : Amnèses,
cahier de maïeutique, n°15, 1003).
Les symboles du blason révèlent la personne sans
la dévoiler. Les rencontres de blason, dont les clés
méthodologiques restent à préciser (GALVANI
P., Thèse de doctorat, université de Tours - 1996),
pourraient être le lieu et le moyen d'un positionnement
de la formation d'adultes face à ces questions.
Le moyen pour la formation d'offrir à la quête du
sens :
- un support de réflexion et conscientisation personnelles
- un lieu d'expression où chacun garde la maîtrise
de ce qu'il dévoile
- un espace d'échange et de réflexion collective
sur cette quête intérieure du sens qui oriente en
profondeur notre mise en forme permanente.
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