Point sur la recherche
Organisation apprenante et autoformation
André Moisan - CNAM
L'autoformation est un processus social. Il peut, certes s'analyser
à travers le " système-personne "
(Lerbert), mais il n'est pas sans effet au niveau même du
système social. C'est précisément là
où " autoformation " et " organisation apprenante "
se rejoignent, dans le sens où l'observation se déplace
au niveau du " tissu " social dans lequel
ces processus d'autoformation s'insèrent et se développent.
Il est en effet possible d'observer que l'autoformation développe
du lien social, comme elle développe une " présence
au monde ". Le maillage du tissu social, qui n'est jamais
que ces " systèmes-personnes " en relation,
se déforme et se transforme alors nécessairement
en même temps que ceux-ci.
C'est ce qu'exprime la notion de configuration de Norbert Elias,
qui permet d'éviter la fausse opposition individu/organisation.
Le lien entre organisation apprenante et autoformation n'est pas
pour autant automatique. Il suffit de faire observer que les apprentissages
se développent toujours dans une entreprise, y compris
dans le travail à la chaîne, dans lequel des apprentissages
informels se développent , ne serait-ce que pour économiser
les efforts, contourner les règles, pallier les défauts
de la prescription ... Des processus d'autoformation peuvent se
développer indépendamment de l'organisation productive,
faisant valoir un renforcement du lien social ailleurs, dans la
société locale ou globale : c'est ce qui été
permis d'observer dans une entreprise qui mettait à disposition
des didacticiels de culture générale.
A l'inverse, le propre d'une organisation apprenante est d'articuler
et relier le développement de " savoirs sociaux
d'usages " (pour reprendre l'expression de la formation
expérientielle) et le renforcement de la coopération
et du tissu organisationnel. De ce point de vue, les configurations
productives (au sens large) se différencient : l'idéal-type
bureaucratique décrit par Crozier fait reposer la coopération
sur la règle et protège le " quant-à-soi ".
Elle est, de ce point de vue, peu " apprenante ".
D'autres configurations (par exemple des interventions de collectifs
dans des interventions de dépannage d'urgence) imposent
par contre une coopération forte, et donc un savoir commun.
De même, les moments de " fondation "connaissent
des processus conjoints d'autoorganisation (relatifs : la configuration
se définit à elle-même ses références
communes) et d'autoformation particulièrement forts.
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