Séminaire de formation, janvier 2001


Nelly Leselbaum a rappellé les objectifs du séminaire, et a assuré l'animation de la première journée.

Pierre Landry a fait la synthèse des 14 réponses reçues au questionnaire envoyé aux participants avant le séminaire. Afin d'éclairer ce qu'est l'autoformation, il a ensuite présenté un schéma de navigation dans la galaxie de l'autoformation en insistant sur le côté dynamique du processus (spirale) et sur les interactions entre les planètes. Ce schéma a également pour objectif, en situant les dispositifs de formation, de donner des repères aux responsables et aux animateurs de formation.

Commentaires sur les réponses

1) A propos de l'évolution du rôle des formateurs: un formateur peut-il accompagner la démarche d'autoformation d'autres personnes sans avoir soi-même expérimenté cette démarche ?

2) A propos du support de l'institution: Georges Mendel affirme que “L'acte est une aventure”. C'est particulièrement vrai avec l'acte d'apprendre, surtout si on laisse une part d'initiative à l'apprenant. Dans quelle mesure une organisation tolère-t-elle cette prise de risque?

3) A propos des NTIC: en quoi la relation au savoir se trouve-t-elle modifiée par le recours aux supports numérisés contribuant à une nouvelle médiation/médiatisation?

4) A propos du champ des questions: suffit-il de changer de cadre pour trouver une solution à un problème apparemment insoluble dans son cadre d'origine?

5) Naviguer dans la galaxie de l'autoformation: La plupart des définitions proposées concernent soit l'autodidaxie (se former hors institution) soit l'AF éducative (participation active de l'apprenant dans ses relations avec le cadre institué: le service formation et l'entreprise). L'objectif de ces trois journées est d'explorer les différentes approches de l'autoformation pour élargir le cadre d'analyse afin de montrer les interactions qui existent entre sphère privé, sphère publique et dispositifs de formation ou d'éducation.

La matinée s'est terminée sur un rappel historique de la notion d'autoformation par André Moisan mettant en évidence les travaux du GRAF.

L'après-midi, la première planète, l'approche sociale de l'autoformation, a été explorée par André Moisan en considérant l'autoformation comme un fait sociologique et en pointant les apports des différents sociologues.

La deuxième planète, l'approche autodidactique de l'autoformation, a été explorée par Hélène Bezille (qui a également introduit le texte de Georges Lemeur) et par Christian Verrier.Ils ont insisté sur la distinction entre la "figure de l'autodidacte" et la démarche autodidactique. cette distinction permet de mieux comprendre les stratégies d'apprentissage des apprenants.

L'animation de la 2e journée a été assurée par Bernadette Courtois

La troisième planète, l'approche cognitive de l'autoformation, a été explorée par Philippe Carré qui a mené un travail avec les participants sur leur propre représentation des activités d'apprentissage pour repérer les caractères distinctifs de l'autoformation par rapport à la formation. Les "mots" qualifiant l'activité d'apprentissage ont été classés suivant 3 dimensions [cf. dimensions psychologiques, carre2001 et carte].

Les représentations de l'autofomation par les participants : pour vous, l'autoformation c'est le fait de ...

Les mots qui qualifient l'autoformation d'après les participants :
             Spécifiques de l'autoformation

Instrumentation

Motivation

non pertinents

La quatrième planète, l'approche éducative de la formation, a été explorée par Didier Paquelin qui a insisté sur les compétences liées aux fonction d'accompagnement.

L'animation de la 3e journée a été assurée par Pierre Landry

La cinquième planète, l'approche existentielle, a été explorée par Pascal Galvani au travers d'une mise en "exploration d'idées" des participants (mini atelier "ouverture de portes") qui a donné lieu à de nombreux échanges portant sur l'intérêt et les limites de l'exploration des savoirs symboliques en milieu professionnel.

Après nous avoir livré les résultats d'un travail réflexif sur les productions du GRAF depuis 1997, Gaston Pineau, en revenant sur le préfixe "auto", développé en 200p. par E. Morin dans La Méthode (T.II), a mis en évidence ce qui reliait les différentes planètes de l'autoformation entre elles. Cette approche transversale permet d'insister sur l'interdépendance des planètes, chacune insistant sur un dimension particulière de l'autoformation sans pour autant pouvoir se passer de l'apport des autres planètes. Cette transversalité a été étudiée dans le mémoire de DESS (U. de Tours) de Ch. Clenet sur "une ingénierie de l'accompagnement de l'autoformation en formation par alternance".

En synthèse des cinq approches de l'autoformation, Pierre Landry a proposé la définition suivante concernant l'opérationnalisation de la notion d'autoformation par des animateurs ou des responsables de formation :

La démarche autoformative conduit à la transformation de situations de formation (imposées) centrées sur le transfert des savoirs en situations (choisies) privilégiant la co-production de savoirs par des sujets autodéterminés, capables de réflexivité sur eux-mêmes et sur leurs relations avec les autres et l'environnement.

Le succès de cette démarche dépend de la qualité de l'accompagnement et des conditions favorables au développement de la réflexivité des apprenants.

Quatre situations sont privilégiées par le GRAF :

Formation

Situations

Autoformation


Etre formé en stages
ou en Solo-formation

EDUCATIVE


Co-construire ses savoirs
Co-former (acompagnement)


Etre formé
en interactions de groupe

SOCIALE


Co-échanger des savoirs
Organisation apprenante


Analyser des parcours
de formation

EXISTENTIELLE


Co-produire sa vie par partage d'histoire de formation


Etre formé
par l'expérience

AUTODIDACTIQUE


Co-construitr ses savoirs, hors contrôle des institutions, avec soi les autres et son environnement
Formation expérientielle

Planification
(tâches prescrites)

 

Complexité, incertitude
(tâches choisies)
Plus d'implication et d'initiatives

 

L'autoformation, ce n'est pas :

Cette rencontre entre chercheurs et professionnelles de la formation, au delà de la clarification des notions relatives à l'autoformation et par la qualité des échanges, a permis de dégager quelques axes, à approfondir, de mise en pratique de la démarche autoformative au sein des entreprises et des administrations.
L'effervescence autour de l'e-formation amène de plus en plus d'entreprises ou d'administrations à se poser la question de l'utilité de l'autoformation dans leur structure. Le GRAFpourrait répondre aisément à cette demande en reproduisant ce premier séminaire.